J’ai lu ce matin un bref article, qui m’a rappelé pas mal de souvenirs d’une de mes anciennes vies, dans laquelle j’ai eu la chance de pouvoir apprendre par l’expérimentation la gestion de production en partant d’une base presque vierge.
Le résultat de cette expérience ? L’adage « pourquoi faire simple alors qu’on peut faire compliqué » se vérifie malheureusement bien souvent. En l’occurrence, c’est le poids de l’existant et d’évolutions à minima, ou pire, faite dans l’urgence en ayant en vue qu’un objectif immédiat, qui entraîne toute la chaîne vers une complexité préjudiciable, autant en terme de compréhension de l’ensemble que de management (micro ou macro).
Comment éviter de tomber dans pareil écueil ? Voici les trois grands principes que je suis :
– Avoir une vision d’ensemble
Il est strictement impossible de prendre une décision, et cela, que ce soit dans un projet de développement logiciel comme pour une ligne de production, sans avoir une vision d’ensemble de son propre périmètre et de celui du niveau supérieur. Dit de cette manière, cela semble probablement trivial, mais c’est bien plus qu’une simple phrase : au quotidien, il faut réussir à s’extirper du carcan de sa propre mission pour comprendre celle des personnes qui travaillent avec vous, dans les services ou unités attenantes à vos projets. A titre personnel, l’exemple le plus flagrant de ce point que j’ai pu vivre a été de travailler à l’intégration d’un système d’encaissement dans un environnement omnicanal : il faut rencontrer les gens, se faire expliquer le fonctionnement des autres systèmes, comprendre les interactions et les technologies … en bref, sans cette vision d’ensemble, entreprendre un tel projet est voué à l’échec.
– Avoir une vision d’avenir
La pire des décisions est celle qui est prise dans l’urgence, pour corriger un point bloquant dans l’instant, sans chercher à comprendre les impacts à plus ou moins long terme sur le reste du projet. Encore une fois, cela peut paraître enfoncer une porte ouverte : on se figure par exemple une chaîne de production, où on demande à un ouvrier de coller au lieu de souder, et où l’on se rend compte que la colle ne réagit pas bien au traitement à la chaleur qui est appliqué au produit deux postes plus loin … mais en réalité, cela peut être bien plus pernicieux. Un autre exemple tiré de mon expérience : dans le cadre d’une mission, j’avais décidé, afin de limiter les coûts et de démontrer la faisabilité de la solution que je souhaitais employer, d’utiliser un serveur (informatique) d’occasion que nous avions récupéré gratuitement. La solution fonctionne correctement, et, ravi de mon « innovation », je rentre en contact avec les équipes projet pour promouvoir notre nouvelle capacité de production. Quelques mois plus tard, le serveur tombe en panne : plus rien ne fonctionne. Le temps de faire comprendre et de faire accepter la demande d’achat d’un nouveau serveur, la production fonctionne au ralenti pendant presque un mois. Quel enseignement tirer de cette expérience ? Il faut voir loin, et privilégier la qualité à la rapidité. Qu’aurais-je dû faire ? Probablement ne faire qu’une mise en production limitée de la solution, faire des présentations, puis trouver un sponsor pour pouvoir m’équiper correctement.
– Expérimenter
Les deux points précédents pourraient faire peur quant à la notion d’innovation : s’il est si compliqué de réussir à intégrer l’écosystème (technique, managerial et financier) dans lequel on gravite, pourquoi essayer de faire évoluer une solution qui fonctionne ? Et de manière plus globale, pourquoi perdre du temps à essayer de nouvelles choses au lieu de se concentrer sur la productivité ? Il s’agit à mon sens avant tout de s’offrir l’opportunité de renouveler l’intérêt du poste que l’on occupe, et l’estime que l’on peut avoir de soi d’occuper pleinement ce poste : en se penchant sur ce qui fait le squelette de son travail et en cherchant à l’organiser et à l’améliorer, on prend toute la mesure de l’impact de nos actions, et on peut se laisser aller à essayer de trouver de meilleures solutions aux problèmes que l’on rencontre, avec toute la satisfaction que cela peut apporter.
Au final, au-delà de toute autre considération, je pense que l’important est de bien garder à l’esprit ces trois points afin de continuer à s’épanouir et se passionner dans son travail (et bien sûr, de prendre la bonne décision ;-)).
L’article en question : https://dantotsupm.com/2020/01/08/agile-cest-aussi-commencer-par-faire-simple-avant-dameliorer-dautomatiser-et-doptimiser/
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