Dématérialisation tickets de caisse
Dématérialisation des tickets de caisse : pourquoi dire non ?
Auteur : Pierre CHEVALIER
13 mars 2020

C’est un sujet polémique, qui partage depuis déjà quelques années, et qui devient central pour les retaileurs, suite à un amendement dont le vote devrait avoir lieu dans le courant de cette année : alors, la dématérialisation des tickets de caisse, c’est bien ou pas ?

Dématérialisation du ticket de caisse

Y’en a qu’on essayé … et ça fonctionne en plus !

Ce qui dirait la loi sur l’impression des tickets de caisse à la demande si l’amendement est voté « tel quel »

Voici ce que propose l’amendement :

  • interdiction d’imprimer systématiquement le ticket de caisse des transactions d’un montant inférieur à 10 euros à compter du 1er février 2020 ;
  • interdiction d’imprimer systématiquement le ticket de caisse des transactions d’un montant inférieur à 20 euros à compter du 1er janvier 2021.
  • interdiction d’imprimer systématiquement le ticket de caisse des transactions d’un montant inférieur à 30 euros à compter du 1er janvier 2022.

Voir la proposition de loi visant à promouvoir l’impression des tickets de caisse à la demande

Le mot « systématiquement » est très important, comme vous pourrez le constater un peu plus loin dans cet article.

La dématérialisation des tickets de caisse, est-ce vraiment écolo ?

De nombreux sites internet et associations ont déclarées que l’abandon du ticket de caisse au profil d’un mail allait au final avoir un impact carbone plus important.

Dans ce calcul, sont pris en compte :

  • la consommation et la fabrication des infrastructures « télécom »
  • la consommation et la fabrication des infrastructures de stockage et d’envoi des mails
  • la consommation et la fabrication du matériel nécessaire à lire ces mails.

Même si la démarche est louable, deux choses me chagrinent :

  • je n’ai pas réussi à trouver une étude qui calcule l’impact carbone d’un rouleau de ticket de caisse traité au bisphénol (avec son petit axe central en plastique), donc difficile de trouver un point de comparaison, et
  • je ne comprend pas comment on peut comparer une activité dont la matière première principale est le bois avec une autre pour laquelle l’énergie est la ressource primaire.

Cependant, on peut imaginer des solutions techniques :

  • pour les clients « non-encartés » dans les magasins, proposer un envoi de mail sans stockage permanent (en ne conservant que l’association adresse mail + n° unique de ticket au niveau du magasin pendant le délai de prise en charge des retours, ce qui sera suffisant pour retrouver ce dernier le cas échéant)
  • établir des partenariats avec des développeurs d’application de stockage de tickets de caisse « écoresponsables »

L’argument « humain » :

En parcourant le net pour collecter des informations au sujet de la dématérialisation, j’ai pu constater une certaine défiance par rapport au procédé.

Les principales raisons sont :

  • les personnes âgées ne pourrons pas consulter leurs tickets de caisse, faute d’avoir accès à la technologie nécessaire
  • les clients refusent de donner leur adresse mail, considérant que de toute façon, les enseignes vont les exploiter à des fins commerciales (publicités ou revente de listes)
  • la protection de la vie privée n’est plus assurée, et les retailers vont pouvoir dresser des profils « commerciaux » de leurs clients, ce qui n’est pas admissible.
  • les tickets de caisse sont indispensables, pour vérifier les erreurs de prix
  • comment faire sa comptabilité sans ticket de caisse ?

Nous avons ici deux grands sujets : les problèmes de vie quotidienne et l’accompagnement des seniors pour qu’ils puissent accéder à la technologie, un sujet plus vaste par rapport à la protection des données personnelles.

L‘accompagnement des seniors à la vie numérique n’est pas la responsabilité des enseignes, mais bien des collectivités (je le sais d’autant mieux que, présent dans une liste du village dans lequel je réside, ce sujet est considéré comme prioritaire et que j’ai demandé à pouvoir le prendre en charge).

Il serait dommage de refuser une technologie considérée comme « bonne » sous prétexte que l’on ne peut pas se l’approprier immédiatement et sans effort (sinon, nous serions encore tous à cheval, et que dire des téléphones portables …) !

De plus, et c’est TRES IMPORTANT : le texte dit que l’impression SYSTEMATIQUE des tickets de caisse d’un montant inférieur à XX€ va être interdite : rien ne vous empêche de demander un ticket, on vous le donnera !

Le point « protection des données » est couvert, quant à lui, par la CNIL, et est encadré par la GDPR.

Solutions :

  • module demandant l’autorisation d’inscription à des propositions commerciales
  • garantie de l’usage des adresses mail en « one shot », sans enregistrement dans une base centrale
  • éduquer les utilisateurs au fait qu’ils sont en droit de demander un ticket

Voilà la fin de ce petit article, en espérant vous avoir quelque peu éclairé sur le sujet !

PS : j’ai choisi de ne pas aborder l’aspect marketing de l’exploitation de ces informations à escient, n’étant pas un spécialiste sur le sujet.

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